Ma cousine, en cette fin de semaine un nouveau prix photographique a
été attribué à notre cher cousin. Certes, ce n’est pas un jury composé
de professionnels, mais la vox populi qui a exprimé son choix en
attribuant à l’une de ses photographies un prix dénommé « Prix du
Public » !
Il avait mis ses espoirs sur une photo prise depuis les hauteurs de
la pointe du Beaujolais Vert, afin de montrer l’impact dans le paysage
de l’ouvrage d’art qui enjambe les collines du chef-lieu de canton.
L’arrivée de ce grand chemin de circulation sera inauguré dans les
prochaines semaines, il reliera les villes de Bordeaux à Lyon. Les
travaux, dignes d’Hercule au temps de sa splendeur, ont duré plusieurs
années. L’impact dans le paysage est bien présent pour un visiteur de
passage, ce viaduc de la Goutte-Vignole – c’est ainsi qu’il est désigné –
marque bel et bien son empreinte telle une flèche lancée d’un arc.
Cette liaison est attendue depuis quelques décennies dans cette
région roannaise et tararienne, alors que plus au sud, elle est
fortement contestée par les hommes verts. Faut-il pour autant régresser,
revenir au temps des diligences et des coches ? C’est bien là l’égo de
nos concitoyens, on profite du progrès, mais lorsque l’on se sent gêné
par le passage d’un chemin à proximité de son village, on n’en veut pas.
L’A89 modèle le paysage tararien |
Mais je m’égare, revenons à notre cousin et ses photos.
C’est donc la seconde vue qui a obtenu les honneurs. Elle représente
en plein format, un arbre couché par une violente tempête survenue à la
fin du siècle dernier.
Cet arbre, ma chère cousine, n’a pas péri, bien au contraire il est
bien vert et continu de se charger chaque année de belles noix, vous
l’avez deviné, c’est un noyer. Notre cousin l’avait repéré lors d’un
passage dans ce secteur. Quelques jours plus tard, revenant d’une balade
vers le plan d’eau de Joux, il descendait la route qui rejoint la
Croix-Paquet à Saint Clément sur Valsonne.
Il a machinalement tourné la tête en passant à proximité de cet
arbre. C’est alors, m’a-t-il dit, qu’il crût avoir des visions. L’arbre
rayonnant tel un sapin de Noël, était garni de nombreuses chèvres. Il se
pinçât machinalement, mais non, ce n’était pas un rêve les chèvres
étaient éparpillées sur les branches de l’arbre, immobiles. C’est ce
moment magique et certainement rare dans nos régions que notre cousin a
figé sur la pellicule.
Chèvres sur le noyer couché |
Allez-vous continuer à concourir, lui demandais-je ?
Mon cousin, je vais me faire à l’idée qu’il est plus difficile de
remporter des lauriers avec mes proses ! Cela ne m’empêchera nullement
de continuer à écrire, la photo est tout autre chose, elle est une école
de l’observation, elle permet au photographe de passer un message selon
sa sensibilité et son goût artistique. A chacun d’apprécier, on aime
une photo, on peut l’ignorer, voir la détester. Et puis, poursuit-il,
vous savez mon ignorance en peinture, à réaliser rapidement un croquis :
la photographie, c’est mieux qu’un dessin, mais il ne faut pas le dire
trop fort !
Prochainement notre cousin sera au « Dernier Salon du livre avant la
fin du monde », en Bresse, occasion de ripailler quelques grasses
volailles, avant de voguer vers un monde nouveau.
Vale,
votre cousin Henri
votre cousin Henri